Mme Vike-Freiberga se rend à Paris à quelques semaines d'un sommet décisif de l'UE, en espérant convaincre en particulier M. Chirac des besoins des fermiers de Lettonie qui craignent, tout comme leurs confrères d'Estonie et de Lituanie, que les quotas imposés par l'UE les obligent à réduire leur production.
"Notre objectif est de faire part aux leaders français de nos propres préoccupations concernant les négociations d'adhésion", a déclaré à l'AFP Andrejs Pildagovics, conseiller de la présidente lettonne à la politique étrangère. "Les quotas constituent le thème le plus sensible en Lettonie", a-t-il ajouté.
La voix de la France, grand pays de l'UE qui possède un important secteur agricole, aura un poids particulier quand les Quinze vont décider lors du sommet de Bruxelles, les 24 et 25 octobre, de leur position commune face aux pays candidats dans le domaine de l'agriculture.
Mme Vike-Freiberga mise sur les bonnes relations personnelles nouées avec le président Chirac lors de la visite de celui-ci dans les pays baltes l'an dernier, quand il louait la bonne connaissance du français de la présidente lettonne, acquise au Maroc où sa famille s'était réfugiée après l'invasion soviétique de la Lettonie en 1944.
La Lettonie figure parmi les dix pays ex-communistes susceptibles de clore avant la fin de l'anné leurs négociations d'adhésion avec Bruxelles pour pouvoir intégrer l'UE en 2004. Mais les prochain dossier de l'agriculture risque de constituer une pierre d'achoppement.
Le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler a déclaré lors de sa récente visite dans les pays baltes qu'il comprenait les préoccupations des fermiers, mais qu'il y avait encore à surmonter les réticences des pays de l'UE.
Le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, dont le pays assume la présidence tournante de l'UE, a averti la semaine dernière que l'élargissement "pourrait être retardé de plusieurs année" en cas d'échec des pourparlers sur l'agriculture.
Et le commissaire à l'Elargissement Guenter Verheugen a montré du doigt la France, disant qu'elle devrait "saisir de façon plus sérieuse" la chance historique de bâtir une Europe unie et d'effacer les divisions de la guerre froide.
Mme Vike-Freiberga, qui aura des rencontres au parlement français, évoquera aussi avec ses hôtes l'élargisement de l'Otan où la Lettonie espère être invitée lors du sommet de l'Alliance en novembre à Prague. Le président Chirac a déjà exprimé son soutien à l'entrée des trois pays baltes dans l'Otan.
Les entretiens porteront également sur l'accord de la France, qui attend sa ratification par le parlement, de verser à la Lettonie une indemnité de 4 millions d'euros pour le bâtiment de son ancienne ambassade à Paris, construit avant la seconde guerre mondiale rue Proni, dans le 17e arrondissement. Ce bâtiment avait été repris après la guerre par l'Union soviétique et il abrite actuellement des services diplomatiques russes.
Enfin, Mme Vike-Freiberga va plaider auprès de l'UNESCO qui a son siège à Paris la cause d'une reconaissance officielle des chants et des danses traditionnels baltes que le monde a découvert en 1990 et 1991, quand ces pays recouvraient leur indépendance vis à vis de Moscou.
Après Paris, la présidente lettonne continuera sa tournée à Bruxelles à partir du 3 octobre. Des rencontres y sont prévues notamment avec le président de la Commission européenne Romano Prodi, le reponsable de la politique étrangère de l'UE Javier Solana, et le commissaire à l'Elargissement Guenter Verheugen. |